Un peu de lecture avec ces
superbes scans (pas les miens.. bravo à kikonk)
13 pages pour 55Mo ICI !Un extrait de l'article post morterm (scan n°2) :
"Je ne suis pas un héros" a déclamé Mesrine dans son testament en forme de cassette. Remarquable lucidité. Il est vrai que notre époque n'est pas celle de la forte épopée et de l'héroïsme empanaché et ne peut faire s'avancer sur la scène - dans le crime ou la vertu - que des personnages qui épousent ses vagues, ses respirations et ses modes. Cette époque - dans le rôle d' "Ennemi public n°1" qu'il avait choisi d'interpréter - Mesrine l'avait remarquablement comprise. Il savait qu'il ne pouvait être "grand" qu'avec l'aide des médias servant de caisse de résonance à ses exploits et qu'il ne pouvait trouver d'écho dans une opinion fascinée qu'en dosant ses comportements criminels selon une alchimie aux effets "publicitaires" exactement efficaces. Si possible sans commettre la faute qui ferait s'écrouler l'édifice fragile auquel, comme à un château de cartes, il ajoutait au fil des mois une nouvelle "affaire", une nouvelle provocation, un forfait inédit de façon à ce que le spectateur s'écrie : "C'est incroyable!... Est-ce possible et jusqu'à quand ?".Alors, le voici qui dessine le visage du hors-la-loi qu'il veut être. On le croit criminel ? C'est vrai. Il l'accorde et s'en vante même. Mais hors de ce criminel, il déboîte un "justicier" qui part en croisade contre les quartiers de haute sécurité, puis un "marginal" politique qui dénonce la société et ses pouvoir ; puis un Robin des Bois (des villes : nous sommes en 1979 !) qui vole volontiers le riche mais jamais le pauvre... Le tout à grand renfort de messages expédiés à la presse, d'apparitions et de disparitions fulgurantes, d'enregistrements sur cassettes. Le tout clamé sur le ton d'un défi lancé à l'abri d'une formidable force d'attaque et de dissuasion : un arsenal de fusils, de pistolets, de grenades... La bombe atomique, pour un peu. Ainsi allait l'irrésistible ascension de Mesrine. Lorsque ce fut l'erreur. "Celui qui se sert des médias périra par les médias" déclare l'évangile moderne. Et c'est la faute : Mesrine s'attaque à un journaliste. D'un coup, son image s'inverse.Et c'est l'erreur : il ne tue pas ce journaliste grâce auquel Bauer, le complice, sera repéré et filé jusqu'à ce qu'il conduise les chasseurs à la tannière du loup. En France, cette tannière. A Paris et non à Rio, à Caracas ou à San Francisco. C'est que la gloire à ses exigences. Mesrine savait qu'il n'était le premier des princes du crime que dans son village et qu'à l'étranger, il n'eut été, en revanche, qu'un exilé radotant dans des bars, devant un public sceptique, une célébrité douteuse? C'est donc à Paris son village qu'il devait flamboyer et mourir. C'est ce que Mesrine a fait. C'est ce qu'il a même chanté, en une étrange et posthume oraison funèbre sur fond sonore. Et la boucle est bouclée. Tout s'achève en comédie musicale, mais le rideau se baisse sur une spectaculaire rafale de coups de feu. Comble de réalisme : ils sont vrais; le "héros" est vraiment mort.
1 commentaire:
ouais ben elle est en rupture chez moi aussi ;-) ça fait un moment que je la cherche.. je ne perds pas espouar.......... +
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